"Le Grand Soir" et "Les lendemains qui chantent"

En politique et en histoire politique, les expressions « Le Grand soir » et « Les lendemains qui chantent » reviennent fréquemment. Ce soir, sur une chaîne d’info, un invité politique appartenant au parti EELV (Europe Ecologie Les Verts) annonçait que les EELV avaient certes un programme mais que ce ne serait pas le « Grand soir ».

L’expression « Le Grand soir » désigne en politique un grand bouleversement social, un changement de société, la disparition du modèle politique et/ou social en cours. « Le Grand soir » annonce une révolution. On fait remonter cette expression « Le Grand soir » à la fin du XIXème siècle lorsque les conflits sociaux étaient violents. Les mouvements ouvriers de l’époque revendiquaient la reconnaissance de leurs droits et de meilleures conditions de travail. Le Grand soir, pour eux, était le triomphe de la révolution sociale.

Avec « Le Grand soir », il y a « Les lendemains qui chantent ». « Les lendemains qui chantent » annoncent un avenir plus souriant, un espoir face aux difficultés du présent. L’expression a été maintes fois reprise avant et après la Seconde guerre mondiale. Tout d’abord, il y a eu « Le lendemain qui chante » » dans une chanson écrite par Paul Vaillant-Couturier en 1937, homme politique et écrivain, co-fondateur du Parti Communiste français. Puis l’expression fut reprise par Gabriel Péri (voir photo), journaliste politique proche de la SFIO (socialistes de l’époque) puis du Parti Communiste. Gabriel Péri, responsable de la rubrique politique au journal « L’Humanité », fera partie de la Résistance et, avant d’être fusillé en 1941 par les Allemands, écrira à sa femme une lettre émouvante où il cite Paul Vaillant-Couturier en espérant qu’il y aura « des lendemains qui chantent ». Le Général de Gaulle reprendra également cette expression dans ses Mémoires de guerre, en 1949.

L’expression « Le grand soir » semble s’être banalisée, pour désigner une première fois, un grand événement. Les Lendemains qui chantent sont encore à venir.

Marie-Laure Tena – 12 juillet 2011