La gouvernance, vieux mot réutilisé par les sciences sociales puis par le monde de l’entreprise, semble répondre à ce cadre d’interdépendance mondialisée et à ces interactions entre différents acteurs. La notion de « gouvernance » du vieil anglais « governance » a été diffusée dans les années 90 par la Banque Mondiale pour accompagner les politiques de développement des pays émergents. La gouvernance est un mode de pilotage fondé sur la coopération, la coordination politique et économique (on en voit l’exemple avec le G20...) et sur une démarche collective. La concertation, le dialogue, les compromis et la recherche d’actions et de résultats font partie de la gouvernance. La gouvernance s’appuie sur quatre piliers : la responsabilité, la transparence, l’état de droit, la participation. La gouvernance serait la forme postmoderne des organisations politiques (postmoderne = contestation des idées de la modernité et de la rationalité de la modernité occidentale, relecture critique voire méfiante des idéologies occidentales dominantes, pluralité de significations, rejet des certitudes, des dualités et de la dichotomie, évolution de la notion d’espace, de temps, rejet de la notion de nation susceptible de provoquer des guerres comme au XXème siècle. On passe de l'unique au multiple, de l'absolu et de la vérité au relativisme, au doute et au scepticisme, de groupes fermés à des sociétés ouvertes et en mouvement, etc.).
Il n’y a pas de pouvoir central au niveau européen, malgré de nombreuses instances (commission, parlement, présidence, conseil de l’Europe, conseil européen, etc.) mais il y a une gouvernance européenne fondée sur des institutions communes à tous les pays adhérant à l’Union européenne. Cette gouvernance, elle aussi, est fondée sur des rencontres régulières ou exceptionnelles afin d’élaborer des solutions communes et acceptables par tous (je ne parlerais pas ici du problème grec !).
Les marchés financiers, les logiques différentes entre les Etats et la Finance et les citoyens, les flux d’informations, les flux financiers, de biens et de personnes, le multiculturalisme, la propagation d’idées à vitesse d’internet, invitent les gouvernements et les responsables politiques à coopérer entre eux afin de réguler ce monde en perpétuel mouvement et de prendre collectivement des décisions. La gouvernance favorise des décisions prenant en compte l’ensemble des paramètres et l’ensemble des enjeux de chaque partie prenante.
S’il existe une gouvernance au niveau mondial à travers des rencontres telles que le G20 ou par l’existence d’institutions de surveillance et d’encadrement (FMI, OMC, etc.), il peut exister aussi une gouvernance plus locale, plus nationale, entre les différents niveaux d’action publique : commune, intercommunalité, département, région, nation. Enfin, il peut exister la notion de gouvernance dans certaines institutions pour désigner simplement le mode de fonctionnement interne.