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Le 17 octobre 2012, j’ai rédigé un article sur les événements parisiens du 17 octobre 1961. Peu après, Hocine Louanchi, fils de Harki, m’a contactée et m’a envoyé un lien Daily motion sur un documentaire retraçant les conditions de vie des Harkis en France : « Les camps de la honte ». Après s’être battus pour la France, avoir fui http://a400.idata.over-blog.com/600x300/5/01/58/05/Belles-Photos/Gallerie-1/HARKIS4.jpgleur pays souvent grâce à des officiers français désobéissant à leur hiérarchie, les Harkis sont véhiculés, déplacés, encadrés et parqués, la nuit, toujours la nuit. Dépossédés de leur culture et de leur identité, les Harkis peu à peu intègrent la société française après des années de camps. Le documentaire illustre la condition harki grâce à différents témoignages éloquents.

Houcine Louanchi, arrivé en France en 1963, fait partie de ceux qui se sont battus en 1975 pour obtenir la dissolution du camp de Saint Maurice l’Ardoise. Houcine Louanchi revient sur sa jeunesse et sur les événements de 1975 qui aboutiront à la fermeture de deux camps à la fin de l’année 1976. Aujourd’hui, les Harkis souhaitent que le camp de Saint Maurice l’Ardoise devienne un lieu de mémoire. Pour découvrir ce documentaire, cliquer ici.

Mais qui sont les Harkis ? Le mot « harki » est issu du mot « harka » désignant une brigade. Les Harkis constituaient des brigades complémentaires ou supplétives aux forces françaises en Algérie et au Maghreb. Ces harkas étaient constituées par des soldats musulmans, originaires d’Afrique du Nord, recrutés sur place, Maghrébins ou Berbères.

A l’époque de l’Algérie française, l’administration était supervisée par des Français mais de nombreuses tâches étaient dévolues aux Algériens. L’Armée française comprenait des harkas créées entre 1954 et 1956 pour répondre aux actions du FLN, les indépendantistes algériens. En 1957, les harkas recensent près de 27 000 hommes, recrutés localement. En 1958, un décret déclare que tous les habitants de l’Algérie sont français. En 1960, le nombre de Harkis passe de 27 000 à 60 000. L’année suivante, la hiérarchie militaire française tente de rassurer les Harkis sur leur avenir après la guerre d’Algérie. En 1962, le Premier Ministre français déclare que les Algériens s’installant en Métropole, autrement dit en France, pourront récupérer leur nationalité française. Dans le courant de l’été 1962, l’effectif des Harkis chute considérablement et http://a406.idata.over-blog.com/299x200/0/37/16/31/herveline5.jpgnombre d’entre eux rejoignent le maquis et l’ALN, l’Armée de Libération Nationale, bras armé du FLN. En France, le premier camp destiné à accueillir les Harkis ouvre.

En juillet 1962, l’Algérie retrouve son indépendance et le sort des Algériens travaillant toujours pour la France devient périlleux. On estime à plus de 90 000 à 150 000 le nombre de Harkis massacrés. En 1963, près de 20 000 familles arriveront à quitter l'Algérie pour rejoindre la France mais pour être aussitôt enfermées dans des camps entourés de barbelés. Les Harkis qui ont quitté leur pays, parfois leurs amis et leur famille, se sentent isolés et abandonnés par les autorités françaises qui ont créé deux catégories pour le rapatriement : les rapatriés de souche européenne réintégrés à la société française et les Français d’origine nord-africaine que l’on place dans des camps.
En 1963, le Président algérien Ben Bella reconnaît que 1 200 anciens Harkis sont emprisonnés en Algérie. Ce chiffre est cependant contesté par les historiens qui estiment qu’il est sous-évalué. En 1964, le Ministre français des rapatriés demande que l’on propose des logements HLM aux Harkis une fois que les rapatriés européens seront eux-mêmes relogés. Dans les années 66 et 68, des anciens harkis sont libérés des prisons algériennes. En 1970, commence la lutte du camp de Saint Maurice l’Ardoise. En 1973, la distinction entre rapatriés de souche européenne et rapatriés de souche nord-africaine est abolie car inconstitutionnelle, mais la loi de 1978 sur les indemnisations reste axée sur les rapatriés européens et ne concernent pas les Harkis. La première loi d’indemnisation pour les Harkis sera votée en 1987 (correspondant à ce qu’ils ont laissé en Algérie).

Aujourd’hui, les Harkis constituent toujours une question politique entre la France et l’Algérie. En 2000, le Président algérien Bouteflika a comparé les Harkis aux « collabos » français de la Seconde guerre mondiale. En France, de temps en temps, les enfants de Harkis défilent ou manifestent pour une meilleure reconnaissance, comme en 2004 à Paris.

Pendant son mandat, Nicolas Sarkozy a proposé un plan de retour à l’emploi pour les descendants de Harkis mais ce plan a fait l’objet d’une condamnation du Conseil d’Etat. Lors de la campagne présidentielle de 2012, les deux candidats, Nicolas Sarkozy et François Hollande, ont été interpellés sur la question des Harkis. François Hollande s’est alors engagé par écrit à reconnaître la défaillance de la France dans la gestion du rapatriement des Harkis et à prendre en charge le dossier Harki.

Marie-Laure Tena – 10 avril 2013

Sources : documentaire de Hocine Louanchi – Harki.net – Harkisetverite.com

Tag(s) : #Harkis, #Harka, #Algérie, #Houcine Louanchi, #MLTE
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