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Je vous propose une nouvelle rubrique « Le livre du mois ». Il s'agira d'un article sur un ouvrage que j’ai lu et que je souhaite partager avec vous. Il ne s’agit pas d’une fiche de lecture ni d’un résumé mais d’une série de rubriques courtes destinées à vous présenter les contours de l’ouvrage. Je propose également de rédiger ce type d’article sur une base mensuelle.

Ce mois-ci, je souhaite vous présenter « La conspiration des ténèbres » de Théodore Roszak. 

Le livre

« La conspiration des ténèbres », 760 pages, est parue aux Etats-Unis en 1991 puis en 2004 en France aux éditions « Le Cherche Midi ». La conspiration des ténèbres est une fiction, un roman. Le titre original en américain est « Flicker ». 

roszak.jpgLe mot « flicker » désignait dans les années 20 à 30 les films, le cinéma. Le mot « flicker » désigne le scintillement, le vacillement de la lumière. Puis les flickers ont été remplacés par les « movies », les films en américain, c’est-à-dire des « mouvements », au sens littéral.

L’auteur

Théodore Roszak est un universitaire américain, sociologue et professeur d’Histoire en Californie. Il est né en 1933 et s’est spécialisé dans les essais sur la science, la culture, l’information. Il collabore également avec le New York Times.

L'histoire

L’histoire se déroule dans les années 60 et 70. Un homme, Jonathan Gates, qui deviendra ensuite universitaire salle-projection.jpgspécialisé dans l’histoire du cinéma, raconte ses mémoires. Il découvre la passion du cinéma dans un cinéma miteux tenu par un couple, Clare et Sharkey, à Los Angeles, mais qui tente d’éduquer le public grâce à des films rares et souvent issus de l’underground*. La femme est une critique passionnée par le cinéma (dont une des références est le film français « Les enfants du Paradis). Lors d’un séjour en France, cette femme, Clare, a fréquenté le gratin du cinéma et de la critique française, en particulier les réalisateurs de la Nouvelle Vague. A son retour, elle se morfond dans ce petit cinéma lorsque le héros, encore étudiant, débarque. Elle lui enseigne alors, lors de leurs joutes amoureuses, tout ce qu’elle sait sur les films, le jeu des acteurs, les réalisateurs, les techniques. Elle lui transmet son exigence, ses analyses minutieuses et projecteur_03.gifdevient son égérie voire son mentor lorsque Jonathan Gates rédigera son mémoire universitaire. L’autre personne du couple, Sharkey, enseigne au héros avec décontraction et paillardise ses connaissances en matière de navets (nanars) mais aussi en matière de matériels de projection.

Après une longue introduction sur le cinéma et les relations du héros avec Clare, l’auteur entame l’intrigue. Jonathan Gates décide d’étudier un réalisateur : Max Castle. Cette étude deviendra le but de sa vie et la raison de sa chute. Max Castle, réalisateur maudit de mauvais films sur les vampires et les goules, fascine par ses techniques d’avant-garde et secrètes. Pour Castle, disparu en 1941, il fallait toujours créer un film dans le film dans le film. Toutes les images capturées par Castle pour ses films contiennent en réalité des images subliminales d’horreur : meurtres rituels, viols, guerres, etc. Le héros tente d’en savoir plus sur la vie de Castle et sur son œuvre et les raisons qui ont amené le réalisateur à cacher ces images provoquant une répulsion et un dégoût inconscients chez son public. Il découvre derrière croix-de-malte.jpgCastle, réalisateur européen venu s’installer aux Etats-Unis dans les années 20/30, une secte venue du fond des âges et pour laquelle le dieu des chrétiens est le dieu des ténèbres et le dieu des ténèbres le dieu de la lumière. Ce dieu de lumière apparaîtra le jour de la fin du monde, fin que la secte tente de précipiter grâce aux media.

avisMon avis

J’ai essayé de vous donner des éléments de l’histoire sans la déflorer totalement. Les premières pages sont difficiles à donner la mesure de l’histoire. Pendant plusieurs chapitres, on se nourrit de la culture cinématographique dense et réelle de l’auteur. Mais l’intrigue tarde un peu à venir même si la lecture reste intéressante. Puis l’histoire s’accélère et le héros, semblant ne pas avoir  acquis d’indépendance de jugement et de discernement loin de son égérie, se laisse entraîner par sa fascination pour Max Castle et pour la secte dont ce dernier vient. Cette naïveté du héros m’a laissée perplexe. Cependant, j'ai particulièrement aimé la description sarcastique des intellectuels français, si juste, et celle de l'arrivée des ados, public perméable aux messages de Castle et de ses successeurs. L'évolution des mentalités fascinées par la vulgarité et la facilité est très bien décrite tout le long de l'histoire.

C’est un livre qui devient passionnant au fil des pages, je l’ai dévoré malgré l’atmosphère pesante, surtout à partir de la moitié du livre. On ne peut s’empêcher de continuer à lire malgré ce que l’on pressent, malgré la tension qui s’immisce à travers les lignes. A la fin, le héros saura tout sur Max Castle, dans des conditions qu’il n’avait pas anticipées. La chute est déconcertante mais je ne vous en dis pas plus. Dans le livre de Théodore Roszak, comme dans les films de Castle, il y a une histoire dans l'histoire.

Marie-Laure Tena – 5 août 2012

 

* underground : culture alternative, officieuse, parfois illégale.

Tag(s) : #La conspiration des ténèbres, #Théodore Rozzak, #lecture, #flicker
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